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Les Gazaouis fuient les bombardements, Rubio apporte son soutien à Netanyahu
information fournie par Reuters 15/09/2025 à 21:20

(Actualisé avec communiqué du sommet, déclaration de l'émir du Qatar)

par Nidal al-Mughrabi et Simon Lewis

Israël a détruit lundi une vingtaine de bâtiments dans la ville de Gaza, tuant au moins 16 Palestiniens, selon les services de santé locaux, tandis que le secrétaire d'État américain Marco Rubio a répété après un entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que le Hamas ne devait plus exister en tant que groupe armé.

La visite de Marco Rubio coïncide avec la tenue d'un sommet d'urgence organisé au Qatar par des pays arabes et musulmans, dont certains sont de proches alliés des États-Unis, en réponse à l'attaque menée la semaine dernière par Israël contre des dirigeants du Hamas installés à Doha.

Alors que Marco Rubio a invité le Qatar à poursuivre ses efforts de médiation, Benjamin Netanyahu a déclaré pendant une conférence de presse avec le chef de la diplomatie américaine à Jérusalem qu'Israël assumait "l'entière responsabilité" de l'attaque au Qatar et n'excluait pas d'assassiner d'autres dirigeants du Hamas à l'étranger.

Si Washington avait jugé après la frappe au Qatar que celle-ci n'avait servi "ni les intérêts israéliens, ni les intérêts américains", Marco Rubio a affiché le soutien des États-Unis à la stratégie de Benjamin Netanyahu

"Le Hamas doit cesser d'exister en tant qu'élément armé qui peut menacer la paix et la sécurité de la région", a déclaré le secrétaire d'Etat américain.

Il a appelé le Qatar, où il se rendra après sa visite en Israël, à continuer "de jouer un rôle constructif" dans la résolution du conflit dans la bande de Gaza.

L'émir du Qatar, Tamim bin Hamad al Thani, a exhorté les participants du sommet à Doha, auquel participaient les pays arabes du Golfe mais aussi la Turquie ou l'Iran, à prendre des "mesures pratiques et décisives" en réponse à "l'attaque lâche et traître", affirmant qu'elle est intervenue à un moment où le Hamas était en train d'étudier une proposition américaine de cessez-le-feu.

Reuters a pu consulter une ébauche du communiqué final qui ne reprend pas ces termes mais l'attaque israélienne y est qualifiée d'"actes hostiles" qui menace la coexistence et les efforts pour normaliser les liens dans la région.

Le communiqué du sommet a toutefois appelé les pays à revoir leurs relations diplomatiques et économiques avec Israël, ce que le Secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Hossam Zaki, a qualifié d'invitation à ceux qui entretiennent des relations avec Israël à les réviser.

Les dirigeants des pays du Golfe ont par ailleurs annoncé que leur organe de défense conjoint au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) allait se réunir à la suite du bombardement israélien sur Doha, en prônant l'activation de leur mécanisme de défense commun, sans plus de détails.

S'exprimant lors du sommet, le président égyptien Abdel Fattah al Sissi, à la tête d'un pays allié des Etats-Unis et signataire d'un accord de paix avec Israël en 1979, a estimé que "ce qui se passe actuellement entrave l'avenir de la paix".

Son homologue iranien Massoud Pezeshkian, dont le pays soutient le Hamas et a été bombardé durant 12 jours en juin par Israël mais aussi les Etats-Unis, a déclaré qu'"aucun pays arabe ou islamique n'était à l'abri des attaques du régime sioniste". "Nous n'avons d'autres choix que d'unir nos rangs", a-t-il insisté.

Aucune démarche diplomatique n'a pour le moment eu d'effet sur Israël, qui continue de détruire méthodiquement les dernières zones bâties de la bande de Gaza en exigeant la capitulation du Hamas.

"POURQUOI PRENDRE LA PEINE DE FUIR ?"

Une nouvelle série de frappes aériennes meurtrières a poussé lundi des milliers de personnes à fuir des campements de tentes installés dans les ruines de plusieurs quartiers, ont dit des habitants de Gaza.

L'armée israélienne a notamment frappé et détruit un immeuble de 16 étages situé à l'ouest de la ville de Gaza, qui servait d'après elle à dissimuler des "infrastructures terroristes".

Les autorités israéliennes ont ordonné aux habitants de la ville de Gaza de partir vers le sud de l'enclave palestinienne, où elles disent avoir établi une "zone humanitaire", mais les Nations unies et de nombreux pays dénoncent un déplacement de population forcé - ce qui constitue un crime de guerre - et soulignent que les conditions de vie dans la prétendue zone humanitaire sont désastreuses, avec notamment une pénurie de nourriture.

"Savez-vous ce qu'est un déplacement ? C'est extraire l'âme de votre corps, c'est l'humiliation et une autre forme de mort", a déclaré Ghada, 50 ans, une mère de cinq enfants du quartier de Sabra, dans la ville de Gaza, qui refuse de partir.

"Ils nous disent d'aller au sud, et quand nous le ferons, il n'y a aucune garantie qu'ils ne nous bombarderont pas là-bas, alors pourquoi se donner la peine de le faire ?"

L'armée israélienne opère depuis des semaines dans au moins quatre quartiers périphériques de l'est de la ville de Gaza, dont trois ont été en grande partie rasés. Elles progressent vers le centre et semblent prêtes à se diriger vers l'ouest, où sont réfugiées la plupart des personnes déplacées.

Selon le Hamas, au moins 350.000 personnes ont dû abandonner leur logement et quelque 1.600 immeubles d'habitation et 13.000 tentes ont été détruits depuis que Benjamin Netanyahu a ordonné à son armée de prendre le contrôle de la ville de Gaza le 10 août.

(Nidal al-Mughrabi au Caire et Simon Lewis à Jérusalem, rédigé par Estelle Shirbon; version française Tangi Salaün; édité par Augustin Turpin et Blandine Hénault)

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